Dans la société actuelle, l’obésité est une maladie chronique en croissance qui affecte des personnes de tous âges et engendre plusieurs problèmes de santé. Jusqu’à maintenant, les traitements proposés aux patients ne s’avèrent pas optimaux.
Pendant un an, Bo et ses collègues (2018) ont eu pour objectif d’évaluer si les techniques d’autohypnose associées à des interventions reliées au mode de vie pourraient avoir un impact sur la perte de poids.
Les données ont été recueillies auprès d’un groupe expérimental (technique d’autohypnose et soins standard) et d’un groupe témoin (soins standard) au nombre de 60 personnes chacun. Au terme de l’essai, certains désistements ramènent le total à 44 participants pour le groupe expérimental et 42 pour le groupe témoin.
Durant la durée de l’étude, ceux-ci devaient : appliquer des recommandations reliées à leur mode de vie (exercices physiques et régime alimentaire préparé par un diététicien). Les participants du groupe expérimental devaient prendre part à 3 séances d’hypnose et pratiquer l’autohypnose. De plus, tous les 3 mois, les participants étaient suivis par des spécialistes afin de recueillir des données au niveau physique, au niveau du respect du protocole et des effets observés.
Les résultats de l’étude ont démontré que l’hypnose améliorait la satiété, la qualité de vie et l’inflammation. Il n’y a pas eu de différence significative au niveau de la perte de poids entre le groupe expérimental et le groupe témoin, car les données des 2 groupes étaient similaires. Cependant, au sein du groupe expérimental, les participants ayant pratiqué l’autohypnose quotidiennement ont perdu plus de poids par rapport à ceux qui la pratiquaient rarement ou pas du tout.
Il est possible de percevoir certaines limites à cette recherche. La première est relative à un faible nombre de participants pour représenter l’ensemble de la population en situation d’obésité. Cet élément est encore plus limitant lorsque nous lisons l’article puisqu’au terme de l’étude (12 mois) le taux d’abandons était de 28%. Il aurait été intéressant de couvrir un plus grand échantillon de la population. La deuxième limite se situe au niveau des suivis trop espacés (8 mois).
Cela peut expliquer une diminution de l’assiduité de la pratique de l’autohypnose et des comportements recommandés pour certains d’entre eux avec le temps. Le manque de rencontres de renforcement peut avoir eu un impact sur l’engagement des participants et ainsi influencer les résultats de cette étude (pas de différence significative de perte de poids entre le groupe témoin et le groupe contrôle), ce qui soulève l’importance de favoriser la modification des comportements.
Une troisième information soulevée dans cet article retient l’attention. Après 12 mois, seulement 52% des participants pratiquaient l’autohypnose une fois par jour avec une tendance à la diminution.
La littérature soulève généralement que l’impact de l’hypnose augmente avec le temps (ex. Valentine, Milling, Clark & Moriarty, 2019). Ainsi, il aurait été intéressant de poursuivre l’étude au-delà d’une année, avec les participants qui pratiquaient l’autohypnose chaque jour, afin de recueillir des données en lien avec le maintien du poids ou la perte de poids.
Finalement, il est important de souligner que cette étude a parue en 2018. Il serait intéressant de lire d’autres recherches sur le même sujet pour comparer la méthode et les intentions poursuivies en lien avec l’autohypnose et la modification des comportements. Dans la présente recherche, l’utilisation de l’autohypnose était principalement utilisée vers l’adoption de meilleurs comportements alimentaires. L’adoption de saines habitudes de vie pour maintenir un poids santé est beaucoup plus globale.
Conclusions
Les résultats ainsi que l’information mentionnés dans cette étude enrichissent les connaissances de la pratique des hypnothérapeutes. Dans l’accompagnement des gens pour la perte de poids, cette étude appuie la pertinence de l’hypnose et de l’autohypnose, notamment pour la satiété et l’inflammation.
Les éléments évalués au cours de l’essai peuvent soutenir le thérapeute dans son questionnement et son plan d’action avec le client. Par exemple, il devra porter une attention à la fréquence de l’autohypnose pratiquée et assurer un suivi rapproché avec le client.
La présente étude permet d’éviter de faire croire à la magie tout en recadrant des perceptions erronées. Le client doit s’engager dans sa démarche. De plus, les points négatifs soulevés incitent à lire d’autres études sur le sujet afin de les comparer et en apprendre davantage.
Source: Bo, S., Rahimi, F., Goitre, I., Properzi, B., Ponzo, V., Regaldo, G., … & Broglio, F. (2018). Effects of self‐conditioning techniques (Self‐hypnosis) in promoting weight loss in patients with severe obesity: A randomized controlled trial. Obesity, 26(9), 1422-1429. doi:10.1002/oby.22262
Karine Léveillé,
Étudiante de niveau II – Ecole de Formation Professionnelle en Hypnose du Québec