De l’hypnoanalgésie pour les jeunes patients atteints de cancer
![Hypoanalgesie pour les enfants avec cancer](https://efphq.com/wp-content/uploads/2024/07/simon_laroche_visuel_1.jpg)
Une revue de littérature réalisée par B. Lombart et S. Kerever en 2017 s’est penchée sur les bienfaits de l’hypnoanalgésie sur les soins en oncohématologie pédiatrique.
L’article passe en revue trois constituantes de l’hypnoanalgésie. Un premier volet contextualise les moyens complémentaires à l’hypnoanalgésie, le second aborde de manière non exhaustive les éléments de preuves actuelles concernant autant l’accompagnement que la gestion de la douleur et le dernier volet décrit des propositions sur le processus et le mode opératoire de l’hypnoanalgésie.
L’enfant atteint d’un cancer souffre souvent autant à cause de la maladie qu’à cause des procédures de soin. L’enfant n’est pas toujours en mesure de bien saisir la gravité de la maladie et a souvent de la difficulté à décrire sa douleur. La mesure de l’anxiété est impossible à séparer de la douleur pour les 6 mois à 4 ans.
La littérature rapporte très peu d’impact sur la douleur en combinant la médication à d’autres approches non médicamenteuses, à l’exception de l’acuponcture et de l’hypnoanalgésie. L’acuponcture est efficace pour les nausées et les vomissements postopératoires et l’hypnoanalgésie l’est pour réduire la douleur liée aux soins.
Preuves d’efficacité
Des synthèses et méta-analyses concluent que l’hypnose est équivalente ou supérieure pour diminuer la douleur que des techniques de distraction. Cette conclusion reste toutefois à explorer, étant donné les variantes méthodologiques utilisées d’une étude à l’autre. Selon la revue des auteurs, les preuves les plus probantes sont la distraction, l’hypnose et les interventions cognitivo-comportementales combinées.
Une méta-analyse publiée en 2013 conclut qu’il existe assez de preuves sur l’efficacité de l’hypnose pour la douleur et la détresse liées aux injections chez les enfants et les adolescents. La taille d’effet est plus importante avec l’hypnose qu’avec la distraction.
Un plus grand nombre d’études dans le secteur de la cancérologie pédiatrique permet de constater l’efficacité de l’hypnoanalgésie chez les enfants atteints de cancer. Que l’hypnose soit directe ou indirecte ne semble pas avoir d’impact sur le contrôle de la douleur.
La distraction aussi a prouvé son efficacité et est à privilégier chez les enfants de moins de 3 ans.
Les paroles sont aussi importantes face à la gestion de la douleur puisqu’une revue démontre que la critique, le réconfort, l’empathie, la dénégation ou les consignes vagues augmentent la détresse de l’enfant.
L’humour, la louange, la distraction et faire participer l’enfant en lui faisant parler de quelque chose de précis diminuent la détresse et augmentent la capacité d’adaptation des enfants.
Le processus
Le processus varie d’un enfant à l’autre pour s’adapter à sa réalité et ses préférences. Le plus souvent l’entrevue commence en mode conversationnel. On cherche à connaître la vie de l’enfant sur un ton plus bas et en posant des questions ouvertes.
L’enfant se fait expliquer qu’il lui arrive d’avoir la tête ailleurs et qu’il est donc possible d’être ici et ailleurs en même temps.
L’attention de l’enfant est captée en le saturant de suggestions sensorielles en utilisant les sens de la vue, de l’audition, des ressentis, de l’odorat et du goût. Cette attention produit une dissociation attribuée à l’état hypnotique. Une fois qu’il est dissocié du soin, on lui suggère d’endormir la partie de son corps qui sera soignée.
En pratique
Chaque geste et étape est intégré à la séance. On transforme la situation par l’imaginaire pour la rendre positive et agréable. Si l’enfant revient à la réalité, on peut lui suggérer de continuer son parcours imaginaire et de laisser faire les soignants.
Quand la douleur est en dehors des soins, on se renseigne sur son ressenti en l’amenant à décrire la douleur dans ses mots ou en lui suggérant des images ou des analogies. On invite l’enfant à se dissocier de son mal. Par de courts exercices d’hypnoanalgésie, l’enfant est invité à faire sortir la douleur de son corps.
La revue de littérature donne en exemple d’imaginer de la souffler dans une bulle de savon. Plus on souffle de bulles plus la suggestion sera orientée vers des mots de moindre puissance face à la douleur (une douleur, un inconfort, une sensation désagréable, une gêne).
Le soignant est invité à former un rond avec ses doigts pour imiter la bulle. Quand l’enfant souffle sur les doigts, le soignant éloigne sa main afin d’imiter la bulle qui s’envole, puis il ramène sa main pour la prochaine bulle.
Pour finir, bien qu’il manque encore de preuve, la revue en conclut une efficacité certaine de la distraction ou de l’hypnoanalgésie combinée avec des moyens pharmacologiques. Ces techniques permettent cependant d’individualiser le soin, de rendre l’enfant acteur dans les démarches de soin et d’humaniser le soin.
Ma critique de cette revue littéraire
Cette revue ne spécifie aucunement ses critères de sélection des études et les auteurs indiquent qu’il y a très peu d’essais cliniques randomisés. Il devient donc difficile d’établir une conclusion satisfaisante. Plus d’études seraient nécessaires sur le sujet.
![hypnoanalgésie](https://efphq.com/wp-content/uploads/2024/07/simon_laroche_visuel_2.jpg)
Les points abordés se focalisent sur l’action du soignant. Pourtant, des résultats pourraient être différents si l’enfant acquiert une gestion de sa douleur par l’autohypnose.
La revue spécifie également elle-même que la douleur et l’anxiété chez l’enfant sont indissociables. Donc une approche hypnotique pour calmer l’anxiété aurait dû être partie intégrante de la revue.
Utilisation en clinique
Pour des soins effectués à l’hôpital les soignants n’ont pas nécessairement de temps à consacrer pour la discussion avec l’enfant afin de connaître sa vie. Ils devraient alors s’axer sur la distraction puisqu’elle semble avoir des résultats équivalents.
Cependant, pour les aides-soignants à domicile (ex. parents), l’apprentissage de ses techniques est primordial. Un hypnothérapeute pourrait se déplacer à domicile au besoin pour enseigner aux parents la technique et introduire l’hypnothérapie à l’enfant.
Une gestion de l’anxiété serait aussi bénéfique à l’enfant malade puisque les deux sont reliés. Les techniques de gestion d’anxiété devraient aussi être enseignées aux parents et à la fratrie qui vivent également un stress intense lors de cette période.
La conclusion de cette revue permet de croire une efficacité certaine de l’hypnoanalgésie pour toutes douleurs infantiles. Que ce soit pour décoller un diachylon, une éraflure due à une chute à vélo ou une fièvre par exemple une technique d’hypnoanalgésie pourra être un support au soulagement de la douleur.
![simon laroche hypnotherapeute](https://efphq.com/wp-content/uploads/2024/07/simon_laroche_photo_profil.jpg)
Simon Laroche, étudiant en hypnothérapie
Source : Lombart, B., & Kerever, S. (2017). L’hypno-analgésie en oncohématologie pédiatrique. Des preuves à la pratique. Revue d’Oncologie Hématologie Pédiatrique, 5(2), 94-100. https://doi.org/10.1016/j.oncohp.2017.04.005